mercredi 9 décembre 2009

Bienfaisance 3.4 à La Java le 07/01/2010 : Dana Boulé - Kidsaredead




Cette Bienfaisance 3.4, je l'attendais tout particulièrement, fébrilement. La présence d'un set (si rare) de Vincent Mougel aka KidsAreDead, souvent annoncé, régulièrement reporté, avait suscité une immense attente auprès de la fan base du Clouange sound.
C'est par un froid polaire que je retrouvais la chaleureuse équipe de la Java et la flopée de personnes Bien que je croise mensuellement lors des soirées Bienfaisance. Un peu plus d'une soixante dizaine de personnes avait bravé les intempéries et s'attardait au bar avant de rejoindre le devant de la mythique scène de la Java. Parmi elles se trouvaient une très imposante délégation des disques Bien, de fans de Prince (pas loin d'une dizaine) et de fans Mougelien (équipés d'une multitude d'appareil photos et de caméras) auxquels venaient s'ajouter les très sonores conversations en anglais de fans américains de la New Yorkaise Dana Boulé, l'autre étoile annoncée de la soirée. Au fil de mes rencontres et des discussions, je croise et salue un Vincent Mougel toujours aussi souriant. Je ressens alors un sentiment amusant : à quelques minutes du show, j'ai beaucoup plus le trac que lui.
21h34 : le constat est saisissant, comme les années précédentes, les médias du monde entier (ou presque) ont une nouvelle fois snobé la soirée « Bienfaisance » des disques Bien : moins fâcheux que consternant.
La B3.4 débuta par une première mondiale qui fera date, peut être, dans l'histoire de la musique pop: le premier concert de Ricky Hollywood & The Lowpets.. Je n'ai pas le temps de me placer et me trouve au fond de la salle au moment où Ricky, bellâtre blond surexcité, s'empare de la mythique scène de la Java, ce accompagné de charmantes danseuses déguisées en chattes blanches, faisant ainsi un lien parfait avec la décennie précédente et le survitaminé show du Club des chats, au même endroit. Ayant aperçu une ou deux fois le lascar en sideman lors de concerts Bien, je ne savais absolument pas quel registre il allait nous proposer. Placé derrière son synthé et son ordinateur gorgé de sons, il nous a proposé un set dansant qui m'a fait me replonger dans les années 80, mais peut être pas dans le répertoire qui égaya mes soirées de cette décennie qui fut celle de mes 13-23 ans. Ce fut un moment agréable, chaleureux par la voix, l'entrain et les inénarrables chorégraphies marsupilamiennes de Ricky Hollywood (j'ai repensé à l'excellent « La danse du Marsupilami » des Sax Pustuls). Totalement désinhibé au bout de quelques minutes, le sautillant et exalté Ricky fit remarquer, non sans humour (il en a beaucoup) : « Je ne comprends pas pourquoi vous ne dansez pas, pourtant c'est énorme ce que je vous envoies !».



Photo prise sur le vif par François Gallet aka French


Il faut Bien que je le reconnaisse, si le show m'amusait, il me tardait également qu'il s'achève afin de voir débarquer sur scène le grand pote de Ricky, le chantre adulé du Clouange sound, le mystérieux Grandmistakes, l'incomparable leader scénique des Variety lab, le kid surdoué et sideman prisé des disques Bien, le marsupilamien joueur de melodica de l'Est parisien, le genious du 57 et du 54, l'original DJ du « Jazz Montreux café » lors du pré-faux-aftershow de Prince, à la fois la pop star et l'anti pop star du 21ème siècle, le leader des KidsAreDead : Vincent Mougel.
22h11 : après avoir accompagné Ricky Hollywood sur un dernier titre, le KidsAreDead band prend tant bien que mal possession de la scène pour un set aussi brillant que rocambolesque. Le line up était composé d'authentiques lascars estampillés « Clouange sound generation » : Cyril Vettorato à la basse, Ricky Hollywood aux choeurs aux claps aux bongos au coeur et à la choré marsupilamienne, leur correspondant scolaire et musical chilien Cristian Sotomayor à la batterie, Vincent Mougel himself s'installant derrière ses deux claviers.
Passons rapidement sur l'aspect rocambolesque du set : l'imposant dispositif technique du band a suscité quelques soucis et retards et, malheureusement, une coupure intempestive du show : problème de pédale, problème de piles, "arrachage-tombé" des deux claviers qui n'ont pas résisté aux pulsions du jeune maître... Le public n'en a absolument pas tenu rigueur et est resté en mode "bouche bée" tout au long de la prestation, y compris la partie "américaine" du public qui fut pour le moins surprise et subjuguée par l'aura et le talent du Kid.
Cheveux courts, tenue aussi décontractée que faussement choisie au hasard (excellent le T-shirt purple Pauli avec l'indispensable tête de mort "Grandmistakes"), Vincent M nous a saisi d'entrée par sa pop bouillonnante et flamboyante, son immense talent vocal et son incroyable charisme. Il nous a guidé, avec humour, au fil de son répertoire pop aussi surprenant que brillant. Certains titres ont été retravaillés, d'autres moins, tous ont cependant suscité une sincère admiration : "Sistereo", l'incontournable tube "School returnz", le merveilleux et très princier "She loves me", l'inattendue reprise de Hall&Oates "Kiss on my list" (prolongation des covers jouées live à la radio dans les « Euphonies » sur Radio Campus), l'hymne »Playmobil Todd »...
L'incroyable musicalité de Vincent vous saute aux oreilles, tout autant que son charisme (plusieurs regards féminins brillaient lors de "She loves me")... mais moins que son incroyable voix qui vous saisit en moins de 8 dixièmes de seconde pour vous téléporter allègrement haut et loin.
La fin du set provoqua un brouhaha de commentaires admiratifs qui n'ont cessé jusqu'à la fin de la soirée, et se poursuivirent les jours suivants dans l'Est parisien. Voir KidsAreDead sur scène est véritablement bluffant, lumineux, énergisant, vivifiant. Ce jeune musicien est un Wizard, une true star.


Photo prise sur le vif par François Gallet aka French





Cependant... Oui, je me permets d'user d'un bémol.
Cependant donc, vu les talents du bonhomme je, et nous sommes encore plus en attente de quelque chose de plus abouti, sur scène comme sur disque (putain de merde, il n'y avait pas un skeud de KidsAreDead de disponible au stand merchandising après le concert).
Ce qui est véritablement déroutant lorsque l'on discute avec lui est qu'il semble évident que nous sommes tous beaucoup plus conscients de son « potentiel » que lui même. Sa plus que grande humilité est à l'opposé de la délicate cuistrerie d'un Tante Hortense, et plus encore du « Je peux me la péter grave et je me la pète grave» d'un Prince alors qu'il le pourrait, largement. Je ressens une terrible crainte, celle que le vif plaisir qu'il prend en tant que sideman à partager les jeux musicaux de tout un tas d'artistes (dont les Bien) ne transforme la KidsAreDead experience et le Clouange sound en quelques points virgules de son roman musical, que le prochain concert ne se déroule en avril 2013, qu'au final aucun album ne sorte...
Donc, à l'instar de certains fans princiers, je et nous souhaitons vivement la sortie d'un coffret numéroté et dédicacé comprenant la mise sur CD de la version remasterisée de tout le back catalogue « Clouange sound » proposés sur ses multiples sites myspace, quelques outtakes qui trainent dans la cave de la grand-mère à Clouange, une sélection de quelques titres et covers délivrées lors des « Euphonies » sur Radiocampus, et un T-shirt KidsAreDead avec une tête de mort.
La frustation est souvent présente chez les fans. Je suis un grand fan de KidsAreDead et donc ma frustration est pour l'instant TRES grande. Et encore, je n'évoque même pas celle à laquelle je ne m'attendais pas, engendrée par le fait qu'il n'ait même pas joué de guitare lors de ce set...

Bref...

Encore sous l'excitation de ce que nous venions d'entendre, il a fallu faire une pause dans les débats Mougeliens pour goûter le performance de Dana Boulé et les délicieux petits gâteaux qu'elle avait spécialement préparés à l'attention du public.
L'énergique chanteuse américaine se présenta à la tête des SOBS avec son complice et guitariste David Bixby et l'infatigable Cristian Sotomayor, pour un show en anglais brillant dynamique et chaleureux. Habitée par son art, la chanteuse accordéoniste et briseuse d'instruments en tous genres (un « shaker » fut concassé lors de cette B3.4) balaya un répertoire tantôt folk, tantôt quasi punk. Amusante dans la recherche de quelques mots en français, tchatchant avec gouaille et complicité avec ses compatriotes présents dans la salle, Dana s'est bien amusée et a largement fait partager son plaisir. Après un dernier titre en duo avec Vincent M et alors que nous pensions que le set était terminé, elle est finalement revenue sur scène pour un pur moment de grâce : s'accompagnant à l'accordéon, plus posée (en l'occurrence sur une chaise), elle enroba la Java d'un chant stellaire. Dana Boulé est dotée, non seulement d'un joli sourire et de vrais talents culinaires, mais aussi de multiples talents artistiques dont le chant. Dana chante très très Bien...

Le moustachu Monsieur Loyal des disques Bien reprit ses esprits et le micro pour annoncer le programme de la prochaine soirée de Bienfaisance prévue début février 2010, une annonce qui suscita quelques cris de joie :la divine Harmonie et ses sombres sbires Mr Go et Mr Ma sont annoncés...