vendredi 15 janvier 2010

Bienfaisance 3.5 à la Java le 04/02/2010 : SuperBravo - Mr Go & Mr Ma





Avant goût des Jeux Olympiques d'hiver, le grand froid qui sévissait sur la capitale avait fortement freiné mes sorties nocturnes, mais il était inenvisageable qu'il m'empêche de me rendre à la Java, rue du Faubourg du Temple, pour cette soirée Bienfaisance 3.5 organisée par le mythique label « Les Disques Bien ».
Après plusieurs et vaines tentatives (« Putain Jo, je te connais depuis vingt ans et je SAIS que ces soirées sont faites pour toi »), un de mes meilleurs amis, Jo donc, s'était enfin décidé à venir tester la « Bienfaisance ixpirience ». Il en est reparti délicieusement conquis par l'originalité et la qualité des prestations offertes, ainsi que par l'épatante et chaleureuse convivialité inhérente à ces soirées. Une convivialité qui débuta dès le pas de la porte d'entrée de La Java avec l'amical accueil de Flop et des charmantes hôtesses Bien. La porte franchie, les affres du quotidien hivernal s'oublient au fur et à mesure que l'on descend l'élégant escalier double qui mène vers la salle, cet euphorisant a encore fait son bienfaisant effet ce soir là.
Au bar, les discussions allaient bon train autour des innombrables rumeurs et questions qui accompagnent chaque venue de la chanteuse synthétique Harmonie dans la capitale. Est-elle venue en jet privé, dans un bus spécial depuis la Creuse ou anonymement dans un train lambda ? Accompagnée par Mr Go et Mr Ma certes, est-elle venue avec son ou sa fiancé(e) ? Est-elle installée dans un palace parisien ou bien calfeutrée dans un appartement du Pré Saint Gervais ? Où se déroule l'hypothétique aftershow ? Quid de la setlist et d'éventuelles nouveautés ? Mr Go a-t-il grossi ? Le set sera-t-il immortalisé par quelques cameras miniatures du CRNS (Centre de Recherche Non Subventionné des Disques Bien) ou, bien pire, par les rivaux du GRM (Groupe de Recherche Musical) de Radio France ?
Avant de me joindre à la conversation, je jette un coup d'oeil à la scène pour y voir l'imposant et antique magnétophone Revox Studer qui est déjà en place, front stage, bande magnétique chargée. Je me rapproche en loucedé et constate qu'Harmonie arbore une robe magnétique neuve du plus bel effet.
Seul, face à elle, dans un presque silence, je la regarde, elle me regarde. Je suis, malgré moi, en train de succomber à son charme magnétique.
Quelques instants plus tard, à 21h29, le moustachu monsieur Loyal de la soirée nous invite à prendre nos places (certes assises mais à même le plancher du dancefloor) et à nous délecter du fruit des recherches du CRNS, un fruit qui ne s'offre que trop rarement dans l'année : une représentation de Mr Go et Mr Ma.
21h32 : Mr Ma (rasé d'assez près de telle manière qu'il semblait avoir rajeuni d'au moins dix ans) fit son entrée sur scène suivi du sombre et énigmatique Mr Go. Il déclencha le Revox Studer et les trois artistes mirent une touche finale à leur préparation : Mr Ma finit d'accorder sa belle guitare blanche, Mr Go fit de même avec son ukelele, tandis qu'Harmonie se lança dans une inouïe séance de vocalises allant du très très grave au très très aigu, de Mariah Carey s'électrocutant à Ivan Rebroff grelottant de froid.
Ceci fait, la magnétique belle nous salua, nous remercia pour notre présence puis, charmeuse, nous enjôla par un « Vous êtes tous très beaux »... malheureusement conclu par un « et plus particulièrement Vincent Mougel » qui engendra un petit bruit, celui d'un gros bris sous la partie gauche de ma cage thoracique. Je tournai prestement la tête et constatai sur le visage de quelques voisins que mon coeur n'avait pas été le seul à s'être brisé. Quant au Kid de Clouange, effrontément « dragué » devant tout le monde, il remua légèrement la tête, avec un sourire un peu gêné, « à la » Prince.
Bref...
Heureusement, je n'ai pas eu vraiment le temps de m'appesantir sur cette déception, car je fus instantanément happé par un show hors du commun durant lequel Mr Go et Mr Ma et leur création se sont mis à nus, révélant tout du mystérieux centre de recherche du CRNS situé à Guéret (et tellement Bien camouflé qu'il reste introuvable via google earth). A travers un répertoire composé de quelques tubes d'Harmonie (les motherfuckers présents furent une nouvelle fois comblés par le « Enculeurs de maman », le très original et brillant solo aussi robotisé qu'hendrixien de ukulele) et de nouveaux titres dont certaines très aventureux nous amenèrent jusque dans la savane, nous avons su tout ce que nous espérions savoir de l'harmonieuse et palpitante vie quotidienne au sein du centre de Guéret. Il fut, par exemple, particulièrement plaisant de savoir, lors de la présentation très détaillée du ukelele de Mr Go, que le CRNS partage avec Prince l'amour du bois des forêts du Minnesota. A l'attention de ceux qui auront le bonheur d'assister à ce show, et pour préserver les effets des différentes surprises du show et le secret confidences faites par Harmonie, je n'évoquerais ici que les trois duos. Tout d'abord le stellaire duo vocal « amoureux » entre Harmonie et Mr Ma : très très sensuel, il m'a donné une gênante et perverse impression de voyeurisme. Ensuite, le duo entre Mr Go et Mr Ma, tout au long du spectacle, terriblement concentrés sur leur art et leur passion pour leur magnétique création. Enfin, le duo chorégraphié entre Harmonie et Mr Go : si le ludique Dharmonie Code fit notre ravissement l'année dernière, ce en version collective, il fut étincelant cette année avec Harmonie aux directives et Mr Go, seul, à la chorégraphie. Difficile de décrire cette incroyable performance dansée, si ce n'est qu'elle m'a fait regretter qu'elle ne fut pas présentée plus tôt, hélas, à notre cher patineur olympique Brian Joubert pour en faire son « programme court ». Nul doute que la modernité de cette expérience musicale alliée à cette gestuelle, aux petits pas en rythme et à l'élégance de la position « astral » eussent tôt fait de séduire les juges chargés de noter les épreuves olympiques de patinage artistique (oui, Flop, je sais, tout patinage est artistique ou aucun patinage ne l'est). C'est aussi Mr Go qui, dans une presque pénombre, fut chargé de clore le show en mettant fin au déroulement de la robe magnétique d'Harmonie..
Une nouvelle fois, le CRNS fit un triomphe, acclamé par un public pour le moins fasciné par cette expérience très originale, que j'ai trouvé encore meilleure que les précédentes (cela aussi est assez admirable), avec une mention spéciale pour le très élégant et inédit light show.
A mes côtés, Jo afficha un visage béat d'admiration. Bienvenue chez toi Jo !

Entracte avec mini réunion scopi-schkopi à laquelle vint se joindre le Kid de Clouange, aimanté par la vue orangée d'un CD de Variety Lab. C'est toujours un grand plaisir de vous voir girls&boys !

SuperBravo aka Armelle du brillant groupe « Holden » prit possession de la scène avec sa guitare pour le deuxième set de la soirée. Non sans humour, elle préféra nous prévenir qu'elle allait chanter en anglais et confessa qu'il était bien difficile de passer après une telle performance. Surtout, si la plongée psychologique et les titanesques et technologiques travaux, tant musical que de mise en scène, proposées par le CRNS pouvaient remémorer une version aussi puissante que minimaliste de « The wall » des Pink Floyd, la chanteuse eut le goût exquis de nous proposer une sublime cover de Syd Barrett : l'excellent « Wined and dined ». Malgré quelques soucis techniques qui troublèrent plus l'artiste que le très attentif public, SuperBravo et sa voix magnifique enveloppèrent chaudement La Java avec un répertoire pop délicat et précieux. C'était envoûtant, doux et beau. Un magnifique moment, auquel participa un brillant guitariste look rockabilly qui empoigna la fameuse guitare blanche de Mr Ma, et qui fut conclu... en français sur un titre d'Holden. Assurément, ce projet solo est une grande réussite et, pour moi, une très belle découverte. Une de plus lors des soirées « Bienfaisance » des disques Bien à la Java...

PS : Si la section archéologie du CRNS lit ces lignes, je lui suggère d'étudier attentivement au carbone 14 la fameuse guitare blanche de Mr Ma. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il me semble l'avoir déjà vue dans les mains d'une bonne vingtaine de musiciens, et pas des moindres, faisant de cet instrument un monument déjà historique de ce début de 21ème siècle.